• Campagne électorale : Le chef de la Mission d'observation électorale de l'Union européenne en viste

    Kinshasa, 07/11/2011 / Politique

    Pendant trois jours, du 3 au 5 novembre 2011, la chef de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne a palpé du doigt l’évolution du processus électoral en RDC.

    Kananga, Mbuji-Mayi et Lubumbashi ont constitué la première étape de sa visite. A y regarder de près, la campagne électorale souffle le chaud et le froid, selon des indicateurs du terrain. Malgré de multiples appels à l’apaisement.

    Conduite par la chef observateur, Mme Mariya Nedelcheva, une délégation de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE UE) s’est rendue, du 3 au 5 novembre 2011, dans les provinces du Kasaï Occidental, Kasaï Oriental et du Katanga.

    Quoiqu’à des proportions différentes, la réalité est quasiment la même : plus la campagne avance, plus les tensions montent entre les partis de l’Opposition et ceux de la Majorité au pouvoir.

    «Mais on voit une volonté commune de l’apprentissage démocratique. Ça passe par le dialogue… Que ça se passe à des rythmes différents, ce n’est pas quelque chose de négatif pour moi», a déclaré Mme Nedelcheva à l’issue de cette visite.

    C’est vrai. En seulement trois jours, et dans trois villes différentes, les observateurs de la MOE EU ont beaucoup entendu, beaucoup vu et beaucoup enregistré. Mais le travail de la Mission était de rester le plus neutre possible.

    «Notre premier objectif était d’aller à la rencontre directe avec les différentes organisations d’acteurs, de citoyens et entendre leurs points de vue sur la situation. Mais, dans le cadre du mandat de la Mission, il n’est aucunement question de se prononcer sur des rumeurs, sur des histoires, sur de simples témoignages… mais plutôt sur des faits», a-t-elle rassuré.

    Kananga : le phénomène «achat de cartes»

    Dans la ville de Kananga, Kasaï Occidental, l’entretien avec la Société civile a tourné autour de la violation des droits humains. C’est presque un plaidoyer que la Société civile a fait auprès de l’Union européenne pour qu’elle soit un peu plus regardante sur le processus électoral en cours.

    Les écueils liés au déroulement du processus électoral sont nombreux dans cette province du centre du pays : le manque de liberté d’expression et l’ignorance de la Loi électorale ; les tensions identitaires, intolérance politique, les candidatures moins nombreuses des femmes (33 femmes sur 274 candidats), l’utilisation des enfants à la campagne.

    Mais le plus grand problème, c’est le phénomène «achat de cartes d’électeurs». «Ici, beaucoup de gens ont cédé leurs cartes d’électeurs en échange d’un peu d’argent (…) c’est pourquoi nous insistons qu’il y ait des observateurs et des témoins dans chaque bureau de vote», a indiqué un autre membre sous le sceau de l’anonymat. «C’est possible qu’on utilise ce mécanisme pour un bourrage», a-t-il renchéri.

    Selon des témoignages des organisations de la Société civile, le spectre de la fraude plane sur la province du Kasaï Occidental, surtout dans le territoire de Mweka, où il se passe des spectacles étranges. «A Mweka, il y a des centres sans codes et des codes sans centres», a renseigné un activiste des droits de l’Homme qui a requit l’anonymat.

    Pour tout dire, la Société civile de Kananga dénonce. Car pour elle, le décor est planté pour, du côté de la Majorité, la fraude, et du côté de l’Opposition, la contestation.

    Mbuji-Mayi : un calme précaire

    A Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï Oriental, a constitué la deuxième étape de la visite de Mme Mariya Nedelcheva. Ici, la délégation de la MOE EU s’est entretenue avec la Société civile, le gouverneur de province (majorité), l’UDPS (opposition), et le secrétaire exécutif de la Commission électorale nationale électorale (CENI).

    Dans l’ensemble, le calme est revenu. Mais, ce n’est qu’un «calme apparent», après le décès par balle d’une fillette de 7 ans, lors de la manifestation de l’Opposition, le 28 octobre, à l’ouverture de la campagne électorale. Dans cette ville du centre, fief du leader de l’Opposition, Etienne Tshisekedi, le décor est bien planté pour un nouvel affrontement entre les militants de l’Opposition – qui accusent le gouverneur Ngoy Kasanji d’utiliser les sportifs et l’appareil de l’Etat pour l’oppression et ceux de la Majorité – qui accusent l’UDPS de jouer à la provocation. Depuis le début de la campagne, chaque camp vit sur le qui-vive et joue à la prudence.

    «Les tensions, c’est du fait que certains candidats utilisent les moyens de l’Etat pour battre campagne, ce qui énerve ceux qui ne sont pas au pouvoir», a indiqué le président de la Société civile du Kasaï Oriental (SOCIKOR), Jean-Alexis Kasuasua. Comme à Kananga, la Société civile de Mbuji-Mayi a aussi dénoncé l’achat de cartes d’électeur. Selon Me Justice Biaya, «c’est une stratégie utilisée par certains candidats de la Majorité pour réduire le nombre d’électeurs ou augmenter le taux d’abstention dans ce fief de l’Opposition». «Faux et archifaux, a rétorqué le gouverneur de province, que ceux qui le disent apportent des preuves».

    La question : que fera-t-on de ces cartes ? Est-ce pour bourrer les urnes ? Mais le vrai problème, s’inquiète la Société civile, c’est que ces cartes d’électeurs tiennent lieu de cartes d’identité.

    Lubumbashi : tout peut arriver

    Mariya Nedelcheva a bouclé sa tournée par Lubumbashi, chef-lieu de la province du Katanga, province sous haute surveillance durant cette période électorale. Dans la ville cuprifère, Mme Nedelcheva a rencontré des dirigeants politiques de l'Union pour la démocratie et le progrès social, UDPS, d’Etienne Tshisekedi et de l'UNAFEC d'Antoine-Gabriel Kyungu. Elle a également eu des entretiens avec le gouverneur de province, Moïse Katumbi.

    Au regard de la tension qui monte entre les militants de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) d’Etienne Tshisekedi et ceux de l'Union nationale des fédéralistes du Congo (UNAFEC) de Gabriel Kyungu, tout peut arriver au Katanga et à tout moment. Depuis le début de la campagne, les deux partis politiques se regardent en chiens de faïence et jouent à l’intolérance politique.

    Mais le gouverneur de province affirme déployer des efforts pour avoir des élections apaisées. Moïse Katumbi Chapwe, qui n’est pas inscrit aux législatives du 28 novembre, insiste surtout sur la liberté d’expression de tous les candidats dont les non originaires de la province de Katanga. «Vous pouvez sillonner en ville.

    Vous pouvez voir même des calicots anti luba. Sur plus ou moins les 2 000 candidats qui sont au Katanga, nous avons plus ou moins 40% qui viennent du Kasaï, d’autres viennent d’autres provinces. Pour les candidats originaires du Katanga, nous n’en avons que 32%», a-t-il déclaré.

    De son côté, le candidat Gabriel Kyungu Wa Kumwanza de l’UNAFEC, et président de l’Assemblée provinciale, s’oppose, lui, à la présence de ceux qui ne sont pas Katangais : «Pour moi, il faut qu’il y ait un peu de justice. A chaque province où l’on a octroyé des sièges parlementaires, ces sièges doivent être occupés par les originaires», a-t-il dit.

    Le débat est politique, mais sur le terrain des échauffourées opposent assez régulièrement les «Zoulous», comme on désigne les jeunes de l'UNAFEC d'Antoine-Gabriel Kyungu, aux «Parlementaires debout» de l'UDPS d’Etienne Tshisekedi comme cela est arrivé le samedi 5 novembre à Lubumbashi, juste après le départ de Mariya Nedelcheva, chef de la Mission d'observation de l'Union européenne pour les élections du 28 novembre.

    L'Union européenne a accordé une enveloppe d'aide de 47,5 millions d'euros à la RDC pour l’organisation du scrutin. Arrivée en RDC le 8 octobre, La Mission d’observation électorale de l’Union européenne restera présente jusqu’au 18 décembre (avec quelques équipes présentes jusqu’au 14 janvier).
     
    Le Potentiel

    http://www.digitalcongo.net/article/79487


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